Plusieurs mois que j'attendais ça ! Par rapport à l'été dernier, il y a eu une grande amélioration au niveau de la gestion du temps et des patients : une "sélection" des patients a été faite en amont de la consultation, les dirigeants du camp de réfugiés ayant un peu mieux cerné mon activité d'appareillage du pied.
"I've flat foot" ...
Le refrain n'a pas changé depuis l'année dernière. Je ne comprends toujours pas pourquoi il y a un aussi gros pourcentage de résidants du camp présentant des pieds plats de grade 3 (forme la plus sévère). Au final, ces pieds plats engendrent de nombreuses complications avec la croissance ou selon l'activité exercée : douleurs diffuses de cheville, de genou etc ...
Les appareillages réalisés seront globalement assez simples étant donné que nous n'avons pas beaucoup de matériel pour le moment dans le camp de réfugiés d'Askar.
L'histoire du jour ...
Mohammed, 28 ans, blessé par des éclats d'obus durant la seconde Intifada en 2002. Il est évacué par les secours, puis hospitalisé en Jordanie. Ses cicatrises sont impressionantes, en le voyant on se regarde et on se demande comment il a pu y survivre. Il a été emprisonné en Israël dès sa sortie de l'hôpital et vient juste de ressortir, 10 ans plus tard. Bien entendu, il n'a jamais été question de rééducation. Aujourd'hui, il s'en sort plutôt bien : il a un équin fixé à gauche, c'est à dire qu'il marche sur la pointe du pied et ne peut plus poser le talon au sol.
Depuis plusieurs mois, il présente des douleurs dans la cheville. L'équin est de 3.5 centimètres. Je vais donc lui confectionner un appareillage demain, dans le camp de réfugiés de Jenin, à une heure de route, où je pourrai trouver un peu de matériel. Le but est de lui redonner de l'appui sous son talon à la marche. Verdict mercredi quand je le reverrai en consultation ...
Pierre Durrmann